Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/48

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changemens, les combinaiſons, les formes, en un mot toutes les modifications de la matiere. C’eſt par le mouvement que tout ce qui exiſte ſe produit, s’altere, s’accroît & ſe détruit ; c’eſt lui qui change l’aſpect des êtres, qui leur ajoute ou leur ôte des propriétés, & qui fait qu’après avoir occupé un certain rang ou ordre, chacun d’eux eſt forcé par une ſuite de ſa nature d’en ſortir pour en occuper un autre, & de contribuer à la naiſſance, à l’entretien, à la décompoſition d’autres êtres totalement différens pour l’eſſence, le rang & l’eſpece.

Dans ce que les Phyſiciens ont nommé les trois regnes de la nature, il ſe fait à l’aide du mouvement une tranſmigration, un échange, une circulation continuelle des molécules de la matiere ; la nature a beſoin dans un lieu de celles qu’elle avoit placées pour un tems dans un autre : ces molécules, après avoir par des combinaiſons particulieres conſtitué des êtres doués d’eſſences, de propriétés, de façons d’agir déterminées, ſe diſſolvent ou ſe ſéparent plus ou moins aiſément ; & en ſe combinant d’une nouvelle maniere elles forment des êtres nouveaux. L’obſervateur attentif voit cette loi s’exécuter, d’une façon plus ou moins ſensible, par tous les êtres qui l’entourent : il voit la nature remplie de germes errants, dont les uns ſe développent, tandis que d’autres attendent que le mouvement les place dans les ſpheres, dans les matrices, dans les circonſtances néceſſaires pour les étendre, les accroître, les rendre plus ſenſibles par l’addition de ſubſtances ou de matieres analogues à leur être primitif. En tout cela nous ne voyons que des effets du mouvement, néceſſairement dirigé, modifié, accéléré ou ralenti, fortifié ou affoibli en raiſon des diffé-