Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/53

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biner avec d’autres corps. Les parties élémentaires de l’animal ainſi déſunies, diſſoutes, élaborées, disperſées, vont former de nouvelles combinaiſons ; elles ſervent à nourrir, à conſerver ou à détruire de nouveaux êtres, & entre autres des plantes, qui parvenues à leur maturité nourriſſent & conſervent de nouveaux animaux ; ceux-ci ſubiſſent à leur tour le même ſort que les premiers.

Telle eſt la marche conſtante de la nature ; tel eſt le cercle éternel que tout ce qui exiſte eſt forcé de décrire. C’eſt ainſi que le mouvement fait naître, conſerve quelque tems & détruit ſucceſſivement les parties de l’univers les unes par les autres, tandis que la ſomme de l’exiſtence demeure toujours la même. La nature par ſes combinaiſons enfante des ſoleils, qui vont ſe placer aux centres d’autant de ſyſtêmes ; elle produit des planetes qui par leur propre eſſence gravitent & décrivent leurs révolutions autour de ces ſoleils ; peu à peu le mouvement altere & les uns & les autres ; il diſperſera, peut-être, un jour les parties dont il a compoſé ces maſſes mervéilleuſes, que l’homme dans le court eſpace de ſon exiſtence ne fait qu’entrevoir en paſſant.

C’est donc le mouvement continuel inhérent à la matiere qui altere & détruit tous les êtres, qui leur enlève à chaque inſtant quelques-unes de leurs propriétés pour leur en ſubſtituer d’autres : c’eſt lui qui, en changeant ainſi leurs eſſences actuelles, change auſſi leurs ordres, leurs directions, leurs tendances, les loix qui reglent leurs façons d’être & d’agir. Depuis la pierre formée dans les entrailles de la terre, par la combinaiſon intime de molécules analogues & ſimilaires qui ſe ſont rapprochées, juſqu’au ſoleil, ce vaſte réſer-