Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que par une loi conſtante certains corps ſont dispoſés à s’unir avec plus ou moins de facilité, tandis que d’autres ne peuvent point ſe combiner. L’eau ſe combine avec les ſels & ne ſe combine point avec les huiles. Quelques combinaiſons sont très fortes, comme dans les métaux, d’autres ſont plus foibles & très faciles à décompoſer. Quelques corps, incapables par eux-mêmes de s’unir, en deviennent ſuſceptibles à l’aide de nouveaux corps qui leur ſervent d’intermedes ou de liens communs ; c’eſt ainſi que l’huile & l’eau ſe combinent & font du ſavon à l’aide d’un ſel alcalin. De tous ces êtres diverſement combinés dans des proportions très variées, il réſulte des corps, des touts phyſiques ou moraux dont les propriétés & les égalités ſont eſſentiellement différentes, & dont les façons d’agir ſont plus ou moins compliquées ou difficiles à connoître en raiſon des élémens ou matieres qui ſont entrées dans leur compoſition, & des modifications diverſes de ces mêmes matieres.

C’est ainſi qu’en s’attirant réciproquement, les molécules primitives & inſenſibles dont tous les corps ſont formés, deviennent ſenſibles, forment des mixtes, des maſſes aggrégatives, par l’union de matieres analogues & ſimilaires que leur eſſence rend propres à ſe raſſembler pour former un tout. Ces mêmes corps ſe diſſolvent, ou leur union eſt rompue, lorſqu’ils éprouvent l’action de quelque ſubſtance ennemie de cette union. C’eſt ainſi que peu à peu ſe forment une plante, un métal, un animal, un homme, qui chacuns dans le ſyſtême ou le rang qu’ils occupent, s’accroiſſent, ſe ſoutiennent dans leur exiſtence reſpective, par l’attraction continuelle de matieres analogues ou