Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/62

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ſimilaires qui s’uniſſent à leur être, qui le conſervent & le fortifient. C’eſt ainſi que certains alimens conviennent à l’homme tandis que d’autres le tuent ; quelques uns lui plaiſent & le fortifient, d’autres lui répugnent & l’affoibliſſent. Enfin, pour ne jamais ſéparer les loix de la phyſique de celles de la morale, c’eſt ainſi que les hommes, attirés par leurs beſoins les uns vers les autres, forment des unions que l’on nomme mariages, familles, ſociétés, amitiés, liaiſons, & que la vertu entretient & fortifie, mais que le vice relâche ou diſſout totalement.

Quelque ſoient la nature & les combinaiſons des êtres, leurs mouvemens ont toujours une direction ou tendance : ſans direction, nous ne pouvons avoir d’idée du mouvement : cette direction eſt réglée par les propriétés de chaque être ; dès qu’il a des propriétés données, il agit néceſſairement, c’eſt-à-dire il ſuit la loi invariablement déterminée par ces mêmes propriétés, qui conſtituent l’être ce qu’il eſt & ſa façon d’agir, qui eſt toujours une ſuite de ſa façon d’exiſter. Mais qu’elle eſt la direction ou tendance générale & commune que nous voyons dans tous les êtres ? Quel eſt le but viſible & connu de tous leurs mouvemens ? C’eſt de conſerver leur exiſtence actuelle, c’eſt d’y perſévérer, c’eſt de la fortifier, c’eſt d’attirer ce qui lui eſt favorable, c’eſt de repouſſer ce qui peut lui nuire, c’eſt de réſiſter aux impulſions contraires à ſa façon d’être & à ſa tendance naturelle.

Exister, c’eſt éprouver les mouvemens propres à une eſſence déterminée. Se conſerver, c’eſt donner & recevoir des mouvemens dont