Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cauſes & d’effets, qui ſans ceſſe découlent les unes des autres. Pour peu que nous réfléchiſſions, nous ſerons donc forcés de reconnoître que tout ce que nous voyons eſt néceſſaire, ou ne peut être autrement qu’il n’eſt ; que tous les êtres que nous appercevons, ainſi que ceux qui ſe dérobent à notre vue agiſſent par des loix certaines. D’après ces loix les corps graves tombent, les corps légers s’élèvent, les ſubſtances analogues s’attirent, tous les êtres tendent à ſe conſerver, l’homme ſe chérit lui-même, il aime ce qui lui eſt avantageux dès qu’il le connoît, & déteſte ce qui peut lui être défavorable. Enfin nous ſommes forcés d’avouer qu’il ne peut y avoir d’énergie indépendante, de cauſe iſolée, d’action détachée dans une nature où tous les êtres agiſſent ſans interruption les uns ſur les autres, & qui n’eſt elle-même qu’un cercle éternel de mouvemens donnés & reçus ſuivant des loix néceſſaires.

Deux exemples ſerviront à nous rendre plus ſenſible le principe qui vient d’être poſé ; nous emprunterons l’un du phyſique & l’autre du moral. Dans un tourbillon de pouſſiere qu’éleve un vent impétueux, quelque confus qu’il paroiſſe à nos yeux ; dans la plus affreuſe tempête excitée par des vents oppoſés qui ſoulevent les flots, il n’y a pas une ſeule molécule de pouſſiere ou d’eau qui ſoit placée au hazard, qui n’ait ſa cauſe ſuffisante pour occuper le lieu où elle ſe trouve, & qui n’agiſſe rigoureuſement de la maniere dont elle doit agir. Un géometre, qui connoîtroit exactement les différentes forces qui agiſſent dans ces deux cas, & les propriétés des molécules qui sont mues, démontreroit que, d’après des cauſes données, chaque molécule agit préciſément com-