Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/66

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me elle doit agir, & ne peut agir autrement qu’elle ne fait.

Dans les convulſions terribles qui agitent quelquefois les ſociétés politiques, & qui produiſent ſouvent le renverſement d’un empire, il n’y a pas une ſeule action, une ſeule parole, une ſeule pensée, une ſeule volonté, une ſeule paſſion dans les agens qui concourent à la révolution comme deſtructeurs ou comme victimes, qui ne ſoit néceſſaire, qui n’agiſſe comme elle doit agir, qui n’opere infailliblement les effets qu’elle doit opérer, ſuivant la place qu’occupent ces agens dans ce tourbillon moral. Celà paroîtroit évident pour une intelligence qui ſeroit en état de ſaiſir & d’apprécier toutes les actions & réactions des eſprits & des corps de ceux qui contribuent à cette révolution.

Enfin, ſi tout eſt lié dans la nature ; ſi tous les mouvemens y naiſſent les uns des autres, quoique leurs communications ſecretes échappent ſouvent à notre vue, nous devons être aſſûrés qu’il n’eſt point de cauſe ſi petite ou ſi éloignée qui ne produiſe quelquefois les effets les plus grands & les plus immédiats ſur nous-mêmes. C’eſt peut-être dans les plaines arides de la Lybie que s’amaſſent les premiers élémens d’un orage, qui porté par les vents viendra vers nous, appeſantira notre atmoſphere, influera ſur le tempérament & ſur les paſſions d’un homme, que ſes circonſtances mettent à portée d’influer ſur beaucoup d’autres, & qui décidera d’après ſes volontés du ſort de pluſieurs nations.

L’homme en effet ſe trouve dans la nature & en fait une partie ; il y agit ſuivant des loix qui