Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/74

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lutions sur la terre. Indépendamment de ces désordres extraordinaires, il en est de plus communs auxquels nous sommes exposés ; tantôt les saisons semblent déplacées ; tantôt les élémens en discorde semblent se disputer le domaine de notre monde ; la mer sort de ses limites, la terre solide s’ébranle, les montagnes s’embrâsent, la contagion détruit les hommes & les animaux, la stérilité désole les campagnes ; alors les mortels effrayés rappellent à grands cris l’ordre, & levent leurs mains tremblantes vers l’être qu’ils en supposent l’auteur, tandis que ces désordres affligeans sont des effets nécessaires, produits par des causes naturelles, qui agissent d’après des loix fixes, déterminées par leurs propres essences, & par l’essence universelle d’une nature dans laquelle tout doit s’altérer, se mouvoir, se dissoudre & où ce que nous appellons l’ordre doit être quelquefois troublé & se changer en une façon d’être nouvelle qui pour nous est un désordre.

L’ordre & le désordre de la nature n’existent point ; nous trouvons de l’ordre dans tout ce qui est conforme à notre être, & du désordre dans tout ce qui lui est opposé. Cependant tout est dans l’ordre dans une nature dont toutes les parties ne peuvent jamais s’écarter des régles certaines & nécessaires qui découlent de l’essence qu’elles ont reçue ; il n’y a point de désordre dans un tout au maintien duquel le désordre est nécessaire, dont la marche générale ne peut jamais se déranger, où tous les effets sont des suites de causes naturelles qui agissent comme elles doivent infailliblement agir.

Il suit encore qu’il ne peut y avoir ni monstres,