Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/76

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mots par lesquels nous désignons des états dans lesquels êtres des particuliers se trouvent. Un être est dans l’ordre lorsque tous ses mouvemens conspirent au maintien de son existence actuelle & favorisent sa tendance à s’y conserver ; il est dans le désordre lorsque les causes qui le remuent troublent ou détruisent l’harmonie ou l’équilibre nécessaires à la conservation de son état actuel. Cependant le désordre dans un être n’est, comme on a vu, que son passage à un ordre nouveau. Plus ce passage est rapide, & plus le désordre est grand pour l’être qui l’éprouve ; ce qui conduit l’homme à la mort est pour lui le plus grand des désordres ; cependant la mort n’est pour lui qu’un passage à une nouvelle façon d’exister, elle est dans l’ordre de la nature.

Nous disons que le corps humain est dans l’ordre, lorsque les différentes parties qui le composent agissent d’une maniere dont résulte la conservation du tout, ce qui est le but de son existence actuelle ; nous disons qu’il est en santé, lorsque les solides & les fluides de son corps concourent à ce but & se prêtent des secours mutuels pour y arriver ; nous disons que ce corps est en désordre aussitôt que sa tendance est troublée, lorsque quelques-unes de ses parties cessent de concourir à sa conservation, & de remplir les fonctions qui lui sont propres. C’est ce qui arrive dans l’état de maladie, dans lequel néanmoins les mouvemens qui s’excitent dans la machine humaine sont aussi nécessaires, sont réglés par des loix aussi certaines, aussi naturelles, aussi invariables que ceux dont le concours produit la santé : la maladie ne fait que produire en lui une nouvelle suite, un nouvel ordre de mouvemens & de cho-