Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses. L’homme vient-il à mourir, ce qui nous paroit pour lui le plus grand des désordres, son corps n’est plus le même, ses parties ne concourent plus au même but, son sang ne circule plus, il ne sent plus, il n’a plus d’idées, il ne pense plus, il ne desire plus, la mort est l’époque de la cessation de son existence humaine ; sa machine devient une masse inanimée par la soustraction des principes qui le faisoient agir d’une façon déterminée ; sa tendance est changée, & tous les mouvemens qui s’excitent dans ses débris conspirent à une fin nouvelle : à ceux dont l’ordre & l’harmonie produisoient la vie, le sentiment, la pensée, les passions, la santé, il succede une suite de mouvemens d’un autre genre, qui se font suivant des loix aussi nécessaires que les premiers : toutes les parties de l’homme mort conspirent à produire ceux que l’on nomme dissolution, fermentation, pourriture ; & ces nouvelles façons d’être & d’agir sont aussi naturelles à l’homme réduit en cet état que la sensibilité, la pensée, le mouvement périodique du sang, etc. L’étoient à l’homme vivant : son essence étant changée, sa façon d’agir ne peut être la même ; aux mouvemens réglés & nécessaires qui conspirent à produire ce que nous appellons la vie, succedent des mouvemens déterminés qui concourent à produire la dissolution du cadavre, la dispersion de ses parties, la formation de nouvelles combinaisons d’où résultent de nouveaux êtres, ce qui, comme on a vu ci-devant, est dans l’ordre immuable d’une nature toujours agissante[1].

  1. “ On s’est accoutumé, dit un auteur anonyme, à penser que la vie est le contraire de la mort, qui paroissant sous l’idée de la destruction absolue a fait qu’on s’est empressé de chercher des raisons d’en exempter l’ame comme si l’ame étoit essentiellement autre chose que la vie.... mais la simple perception nous