Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/79

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méchant & nous disons qu’il porte le désordre dans la société, parce qu’il trouble sa tendance & met obstacle à son bonheur. Nous évitons une pierre qui tombe, parce qu’elle dérangeroit en nous l’ordre des mouvemens nécessaires à notre conservation. Cependant l’ordre & le désordre sont toujours, comme on a vu, des suites également nécessaires de l’état durable ou passager des êtres. Il est dans l’ordre que le feu nous brûle, parce qu’il est de son essence de brûler ; il est de son essence de nuire ; mais d’un autre côté il est dans l’ordre qu’un être intelligent s’éloigne de ce qui peut le troubler dans sa façon d’exister. Un être que son organisation rend sensible, doit, d’après son essence, fuir tout ce qui peut endommager ses organes, & mettre son existence en danger.

Nous appellons intelligens les êtres organisés à notre maniere, dans lesquels nous voyons des facultés propres à se conserver, à se maintenir dans l’ordre qui leur convient, à prendre les moyens nécessaires pour parvenir à cette fin, avec la conscience de leurs mouvemens propres. D’où l’on voit que la faculté que nous nommons intelligence, consiste dans le pouvoir d’agir conformément à un but que nous connoissons dans l’être à qui nous l’attribuons ; nous regardons comme privés d’intelligence les êtres dans lesquels nous ne trouvons ni la même conformation qu’à nous-mêmes, ni les mêmes organes, ni les mêmes facultés, en un mot dont nous ignorons l’essence, l’énergie, le but & conséquemment l’ordre qui leur con-