Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 1.djvu/96

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Il paroit que l’on peut prendre sur toutes ces questions, indifférentes au fond de la chose, tel parti que l’on voudra. Au défaut de l’expérience c’est à l’hypothese à fixer une curiosité, qui s’élance toujours au delà des bornes prescrites à notre esprit. Cela posé, le contemplateur de la nature dira qu’il ne voit aucune contradiction à supposer que l’espece humaine telle qu’elle est aujourd’hui a été produite soit dans le tems soit de toute éternité ; il n’en voit pas davantage à supposer que cette espece soit arrivée par différens passages ou développemens successifs à l’état où nous la voyons. La matiere est éternelle & nécessaire, mais ses combinaisons & ses formes sont passagères & contingentes, & l’homme est-il autre chose que de la matiere combinée, dont la forme varie à chaque instant ?

Cependant quelques réflexions semblent favoriser ou rendre plus probable l’hypothese que l’homme est une production faite dans le tems, particulière au globe que nous habitons, qui par conséquent ne peut dater que la formation de ce globe lui-même, & qui est un résultat des loix particulières qui le dirigent. L’existence est essentielle à l’univers, ou à l’assemblage total de matieres essentiellement diverses que nous voyons, mais les combinaisons & les formes ne leur sont point essentielles. Cela posé, quoique les matieres qui composent notre terre aient toujours existé, cette terre n’a point toujours eu sa forme & ses propriétés actuelles : peut-être cette terre est-elle une masse détachée dans le tems de quelque autre corps céleste : peut-être est-elle le résultat de ces taches ou de ces croûtes que les astronomes apperçoivent sur le disque du soleil, qui de là