Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/10

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les, troublées par des passions qui les empêchent de raisonner juste ou de consulter l’expérience dans leurs jugemens. Placez un être sensible dans une nature dont toutes les parties sont en mouvement, il sentira diversement en raison des effets agréables ou désagréables qu’il sera forcé d’éprouver ; en conséquence il se trouvera heureux ou malheureux, & suivant les qualités des sensations qui s’exciteront en lui, il aimera ou craindra, il cherchera ou fuira les causes réelles ou supposées des effets qui s’opèrent dans sa machine. Mais s’il est ignorant ou privé d’expérience, il se trompera sur ces causes, il ne pourra remonter jusqu’à elles, il ne connoîtra ni leur énergie ni leur façon d’agir, & jusqu’à ce que des expériences réiterées aient fixé son jugement, il sera dans le trouble & dans l’incertitude.

L’homme est un être qui n’apporte en naissant que l’aptitude à sentir plus ou moins fortement, d’après sa conformation individuelle ; il ne connoît aucune des causes qui viennent agir sur lui ; peu-à-peu à force de les sentir il découvre leurs différentes qualités, il apprend à les juger ; il se familiarise avec elles, il leur attache des idées d’après la manière dont il se trouve affecté, & ces idées sont vraies ou fausses suivant que ses organes sont bien ou mal constitués & capables de faire des expériences sûres & réitérées.

Les premiers instans de l’homme sont marqués par des besoins ; c’est-à-dire, pour conserver son être, il faut nécessairement le concours de plusieurs causes analogues à lui, sans lesquelles il ne pourroit se maintenir dans l’existence qu’il a reçue ; ces besoins dans un être sensible se manifes-