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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/11

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tent par un désordre, un affaissement, une langueur dans sa machine qui lui donnent la conscience d’une sensation pénible : ce dérangement subsiste & augmente jusqu’à ce que la cause nécessaire pour la faire cesser vienne rétablir l’ordre convenable à la machine humaine. Le besoin est le premier des maux que l’homme éprouve ; cependant ce mal est nécessaire au maintien de son être, qu’il ne seroit point averti de conserver, si le désordre de son corps ne l’obligeoit à y porter remède. Sans besoins, nous ne serions que des machines insensibles, semblables aux végétaux, incapables comme eux de nous conserver ou de prendre les moyens de persévérer dans l’existence que nous avons reçue. C’est à nos besoins que sont dûs nos passions, nos desirs, l’exercice de nos facultés corporelles & intellectuelles ; ce sont nos besoins qui nous forcent à penser, à vouloir, à agir ; c’est pour les satisfaire, ou pour mettre, fin aux sensations pénibles qu’ils nous causent que suivant notre sensibilité naturelle & l’énergie qui nous est propre, nous déployons les forces soit de notre corps soit de notre esprit. Nos besoins étant continuels, nous sommes obligés de travailler sans relâche à nous procurer les objets capables de les satisfaire ; en un mot c’est par ses besoins multipliés que l’énergie de l’homme est dans une action perpétuelle ; dès qu’il n’a plus de besoins, il tombe dans l’inaction, dans l’apathie, dans l’ennui, dans une langueur incommode & nuisible à son être, état qui dure jusqu’à ce que de nouveaux besoins viennent le ranimer ou le réveiller de cette léthargie.

D’où l’on voit que le mal est nécessaire à l’homme ; sans lui il ne pourroit ni connoître ce qui lui