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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/109

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lever une difficulté, ils en ont continuellement fait éclore cent autres. C’eſt en pure perte que les plus grands métaphyſiciens ont épuiſé tous leurs efforts soit pour prouver que Dieu exiſtoit, ſoit pour concilier ſes attributs incompatibles, ſoit pour répondre aux objections les plus ſimples ; ils n’ont encore pu réuſſir à mettre leur Divinité hors d’atteinte ; les difficultés qu’on leur oppoſe ſont aſſez claires pour être entendues par un enfant, tandis que dans les nations les plus inſtruites, l’on trouveroit à peine douze hommes capables d’entendre les démonſtrations, les ſolutions & les réponſes d’un Deſcartes, d’un Leibnitz, d’un Clarcke quand ils veulent nous prouver l’exiſtence de la Divinité. N’en ſoyons point étonnés ; les hommes ne s’entendent jamais eux mêmes quand ils nous parlent de Dieu ; comment pourroient-ils donc s’entendre les uns les autres, ou convenir entre-eux quand ils raiſonnent sur la nature & les qualités d’un être créé par des imaginations diverſes que chaque homme eſt forcé de voir diverſement, & ſur le compte duquel les hommes ſeront toujours dans une égale ignorance faute d’avoir une meſure commune pour en juger ?

Pour nous convaincre du peu de ſolidité des preuves qu’on nous donne de l’exiſtence du Dieu Théologique, & de l’inutilité des efforts que l’on a faits pour concilier ſes attributs diſcordans, écoutons ce qu’en a dit le célebre Docteur Samuel Clarcke, qui dans ſon traité de l’exiſtence & des attributs de Dieu, passe pour en avoir parlé de la façon la plus convaincante. [1] Ceux qui l’ont

  1. Quoique bien des gens regardent l’ouvrage du docteur Clarcke comme le plus solide et le plus convaincant, il est bon d’obſer-