Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suivi n’ont fait en effet que répéter ses idées, ou présenter ses preuves sous des formes nouvelles. D’après l’examen que nous allons en faire, l’on ose dire que l’on trouvera que ses preuves sont peu concluantes, que ses principes sont peu fondés, & que ses prétendues solutions ne sont propres à rien résoudre. En un mot, dans le dieu du dr Clarcke ainsi que dans celui des plus grands théologiens, on ne verra qu’une chimere établie sur des suppositions gratuites, & formée par l’assemblage confus de qualités disparates, qui rendent son existence totalement impossible ; enfin dans ce dieu l’on ne trouvera qu’un vain phantôme, substitué à l’énergie de la nature que l’on s’est toujours obstiné à méconnoître. Nous allons suivre pied-à-pied les différentes propositions

    que plusieurs théologiens de son temps et de son pays n’en ont point jugé de même, et ont regardé ses preuves comme insuffisantes, et sa méthode comme dangereuse à sa cause En effet, le docteur Clarcke a prétendu prouver l’existence de Dieu à priori, ce que d’autres jugent impossible et regardent avec raison comme une pétition de principes. Cette manière de prouver a été rejetée par les scolastiques, tels qu"’ Alberl-le-Grand, Thomas-d’A'i/uin, Jean Scot, et par la plupart des modernes, à l’exception de Suarez ; ils ont prétendu que l’existence de Dieu était impossible àUdémontrer à priori, vu qu’il n’y a rien d’antérieur a la première des causes j mais que cette existence ne pouvait être démontrée qu’d posteriori, c’est-à-dire, par ses effets. En conséquence, l’ouvrage du docteur Clarcke fut vivement attaqué par un grand nombre de théologiens, qui l’accusèrent d’innovation et de desservir leur cause, en employant une méthode inusitée, rejetée, et peu propre à rien prouver. Ceux qui voudront connaître les raisons dont on s’est servi contre les démonstrations de Clarcke, les trouveront dans un ouvrage anglais qui a pour titre. An enquiry into t/ie ideas of space, time, immensity, etc., bj Edmund Law, imprimé à Cambridge, en 1734- Si l’auteur y prouve avec succès que les démonstrations à priori du docteur Clarcke sont fausses, il sera facile de se convaincre par tout ce qui est dit dans notre ouvrage que toutes les démonstrations à posteriori, ne s’ont pas mieux fondées. Au reste le grand cas que l’on fait aujourd’hui du livre de Clarcke, prouve que les théologiens ne sont pas d’accord entr’eux, changent souvent d’avis, et ne sont pas difficiles sur les démonstrations qu’on donne de l’existence d’un être qui jusqu’ici n’est rien moins que démontrée. Quoi qu’il en soit, il est certain que l’ouvrage de Clarcke, malgré les contradictions qu’il a éprouvées, jouit de la plus grande réputation.