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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/116

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de commencement, il ne peut avoir de fin. Quoiqu’il en ſoit, on demandera toujours pourquoi l’on s’obſtine à diſtinguer cet être de l’univers ? Et l’on dira que la matiere ne pouvant point s’anéantir, exiſte néceſſairement & ne ceſſera point d’exiſter. D’ailleurs comment faire dériver cette matiere d’un être qui n’eſt point matiere ? Ne voit-on pas que la matiere est néceſſaire, & qu’il n’y a que ſa force, ſon arrangement, ſes combinaiſons qui ſoient contingentes, ou plutôt paſſageres ? Le mouvement général eſt néceſſaire, mais un mouvement donné ne l’eſt que tant que ſubſiste la combinaiſon dont ce mouvement eſt la ſuite ou l’effet : on peut changer les directions, accélérer ou retarder, ſuſpendre ou arrêter un mouvement particulier, mais le mouvement général ne peut être anéanti. L’homme en mourant ceſſe de vivre ; c’eſt-à-dire, de marcher, de penser, d’agir de la façon qui eſt propre à l’organiſation humaine ; mais la matiere qui compoſoit ſon corps & ſon ame ne ceſſe point de ſe mouvoir pour cela, elle devient ſimplement ſuſceptible d’un autre genre de mouvement.

VI. L’être qui exiſte par lui même doit être infini & présent par-tout.

Le mot infini ne préſente qu’une idée négative qui exclut toutes les bornes. Il eſt évident qu’un être qui exiſte néceſſairement, qui eſt indépendant, ne peut être limité par rien qui ſoit hors de lui, il doit être ſa limite à lui même, en ce ſens l’on peut dire qu’il eſt infini.

Quant à ce qu’on nous dit qu’il eſt préſent par-tout, il eſt évident que s’il n’y a rien hors de lui, il n’y a point de lieu où il ne ſoit préſent, ou