Ici le Docteur Clarcke aſſigne à Dieu une qualité humaine. L’intelligence est une qualité des êtres organiſés ou animés que nous ne connoiſſons nulle part hors de ces êtres. Pour avoir de l’intelligence, il faut penſer ; pour penſer, il faut avoir des idées ; pour avoir des idées, il faut avoir des ſens ; quand on a des ſens, on eſt matériel ; & quand on eſt matériel, on n’eſt point un pur eſprit.
L’être néceſſaire qui comprend, qui renferme & produit des êtres animés, renferme, comprend & produit des intelligences. Mais le grand tout a-t-il une intelligence particuliere qui le meuve, le faſſe agir, le détermine, comme l’intelligence meut & détermine les corps animés ? C’eſt ce que rien ne peut prouver. L’homme s’étant mis à la premiere place de l’univers, a voulu juger de tout par ce qu’il voyoit en lui-même ; il a prétendu que pour être parfait, il falloit être comme lui ; voilà la ſource de tous ſes faux raiſonnemens ſur la nature & ſur ſon Dieu. On s’imagine donc que ce ſeroit faire tort à la Divinité que de lui refuſer une qualité qui ſe trouve dans l’homme, & à laquelle il attache une idée de perfection & de ſupériorité. Nous voyons que nos ſemblables s’offenſent lorſque nous disons qu’ils manquent d’intelligence, & nous jugeons qu’il en eſt de même de l’agent, que nous ne ſubſtituons à la nature que par ce que nous reconnoiſſons qu’elle n’a point cette qualité. On n’accorde point de l’intelligence à la nature, quoiqu’elle renferme des êtres intelligens, c’eſt pour celà que l’on ima-