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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/120

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Pour attribuer à Dieu, c’eſt-à-dire, au moteur univerſel de la nature, une ſageſſe ou une intelligence infinies, il faudroit qu’il n’y eut ni folies, ni maux, ni méchanceté, ni déſordre ſur la terre. On nous dira, peut-être, que même d’après nos principes les maux & les déſordres ſont néceſſaires ; mais nos principes n’admettent point un Dieu intelligent & ſage qui auroit la puiſſance de les empêcher. Si en admettant un pareil Dieu, le mal n’en eſt pas moins néceſſaire, à quoi ce Dieu ſi ſage, ſi puiſſant, ſi intelligent peut-il ſervir ? Puiſqu’il eſt lui-même ſoumis à la néceſſité ; dès lors il n’eſt plus indépendant, ſa puiſſance diſparoît, il eſt forcé de laiſſer un libre cours aux eſſences des choſes ; il ne peut empêcher les cauſes de produire leurs effets ; il ne peut s’oppoſer au mal ; il ne peut rendre l’homme plus heureux qu’il n’eſt ; il ne peut parconſéquent être bon ; il eſt parfaitement inutile ; il n’eſt que le témoin tranquille de ce qui doit néceſſairement arriver ; il ne peut s’empêcher de vouloir tout ce qui ſe fait dans le monde. Cependant on nous dit dans la propoſition ſuivante que,

IX. L’être exiſtant par lui-même eſt un agent libre.

Un homme eſt appellé libre lorſqu’il trouve en lui-même des motifs qui le déterminent à l’action, ou lorſque ſa volonté ne trouve point d’obſtacles à faire ce à quoi ſes motifs le déterminent. Dieu, ou l’être néceſſaire dont il est ici queſtion, ne trouve-t-il point d’obſtacles dans l’exécution de ſes projets ? Veut-il que le mal ſe faſſe ou ne peut-il point l’empêcher ? Dans ce cas il n’eſt point libre, & ſa volonté rencontre des obſtacles conti-