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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/128

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Théologiens prodiguent des perfections, à chaque inſtant démenties par la conduite qu’il lui prêtent.

Plus nous enviſagerons le Dieu Théologique, plus il nous paroîtra impoſſible & contradictoire ; la Théologie ne ſemble le former que pour le détruire auſſitôt. Qu’est-ce en effet qu’un être dont on ne peut rien affirmer qui ne ſe trouve sur le champ démenti ? Qu’eſt-ce qu’un Dieu bon qui s’irrite ſans ceſſe ; un Dieu tout puiſſant qui jamais ne vient à bout de ſes deſſeins ; un Dieu infiniment heureux, dont la félicité eſt continuellement troublée ; un Dieu qui aime l’ordre & qui jamais ne peut le maintenir ; un Dieu juſte, qui permet que ſes ſujets les plus innocens eſſuyent des injuſtices perpétuelles ? Qu’eſt-ce qu’un pur eſprit qui crée & qui meut la matiere ? Qu’eſt-ce qu’un être immuable qui eſt la cause des mouvemens & des changemens qui s’operent à chaque inſtant dans la nature ? Qu’eſt-ce qu’un être infini qui coëxiſte pourtant avec l’univers ? Qu’eſt-ce qu’un être omniſcient, qui se croit obligé d’éprouver ſes créatures ? Qu’eſt-ce qu’un être tout-puiſſant qui ne peut jamais communiquer à ſes ouvrages la perfection qu’il veut trouver en eux ? Qu’eſt-ce qu’un être revêtu de toutes ſortes de qualités divines & dont la conduite eſt toujours humaine ? Qu’eſt-ce qu’un être qui peut tout & qui ne réusſit à rien, qui n’agit jamais d’une façon digne de lui ? Il eſt méchant, injuſte, cruel, jaloux, irascible, vindicatif comme l’homme ; il échoue comme l’homme dans tous ſes projets ; & celà avec tous les attributs capables de le garantir des défauts de notre eſpece. Si nous voulons être de bonne foi nous conviendrons que cet être n’eſt rien ; & nous trouverons que le phantôme imaginé pour