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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/130

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poſitif, il eſt au moins permis de douter qu’il exiſte ; ſi l’on prétend que Dieu eſt ce que diſent nos Théologiens, l’on ne peut s’empêcher de nier l’exiſtence ou la poſſibilité d’un être qu’ils font le ſujet de qualités que l’eſprit humain ne pourra jamais concilier ni concevoir.

L’être exiſtant par lui-même doit être, ſuivant Clarcke, un être ſimple, immuable, incorruptible, ſans parties, ſans figure, ſans mouvement, ſans diviſibilité, en un mot un être en qui ne ſe rencontrent aucunes des propriétés de la matiere, qui, étant toutes finies, ſont incompatibles avec l’infinité parfaite. En bonne foi ! Eſt-il bien poſſible de ſe faire quelque notion véritable d’un pareil être ? Les Théologiens conviennent eux mêmes que les hommes ne peuvent ſe faire une notion complete de Dieu ; mais celle qu’on nous préſente ici eſt, non ſeulement incomplete, mais encore elle détruit en Dieu toutes les qualités ſur leſquelles notre esprit pourroit aſſeoir un jugement. Auſſi M. Clarcke eſt-il forcé d’avouer que lorſqu’il s’agit de déterminer la maniere dont il eſt infini & dont il peut être préſent par-tout, nos entendemens bornés ne ſçauroient ni l’expliquer ni le comprendre. Mais qu’eſt-ce qu’un être que nul homme ne peut ni expliquer ni comprendre ? C’eſt une chimere, qui, ſi elle exiſtoit, ne pourroit nullement l’intéreſſer.

Platon, ce grand créateur de chimeres, dit que ceux qui n’admettent que ce qu’ils peuvent voir & manier ſont des ſtupides & des ignorans qui refuſent d’admettre la réalité de l’exiſtence des choſes inviſibles. Nos Théologiens nous tiennent le même langage : nos religions Européennes ont