Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/131

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été viſiblement infectées des rêveries Platoniciennes, qui ne sont évidemment que les réſultats des notions obſcures & de la métaphyſique inintelligible des prêtres Egyptiens, Chaldéens, Aſſyriens, chez lesquels Platon avoit été puiſer ſa prétendue Philoſophie. En effet, ſi la Philoſophie conſiſte dans la connoiſſance de la nature, l’on ſera forcé de convenir que la doctrine Platonique ne mérite aucunement ce nom, vu qu’elle n’a fait qu’écarter l’eſprit humain de la nature viſible pour le jetter dans un monde intellectuel, où il ne trouva que des chimeres. Cependant, c’eſt cette philoſophie phantaſtique qui regle encore toutes nos opinions. Nos Théologiens, guidés encore par l’enthouſiaſme de Platon, n’entretiennent leurs ſectateurs que d’eſprits, d’intelligences de ſubſtances incorporelles, de puiſſances inviſibles, d’Anges, de Démons de vertus myſtérieuſes, d’effets ſurnaturels, d’illuminations divines, d’idées innées, &c[1]. A les en croire nos ſens nous ſont entiérement inutiles ; l’expérience n’eſt bonne à rien ; l’imagination, l’enthouſiaſme, le fanatiſme & les

  1. Quiconque ſe donnera la peine de lire les ouvrages de Platon & de ſes diſciples, tels que Proclus, Jamblique, Plotin, &c., y trouvera preſque tous les dogmes & toutes les ſubtilités métaphyſiques de la Théologie Chrétienne. Bien plus, il y trouvera l’origine des ſymboles, des rites, des Sacrements, en un mot de la Théurgie employée dans le culte des Chrétiens, qui, dans leurs cérémonies religieuſes ainſi que dans leurs dogmes, n’ont fuit que ſuivre plus ou moins fidélement les routes qui leur avoient été tracées par les prêtres du Paganiſme. Les folies religieuſes ne ſont pas auſſi variées qu’on le penſe.

    A l’égard de la Philoſophie ancienne, à l’exception de celle de Démocrite & d’Épicure, elle fut pour l’ordinaire une vraie Théoſophie, imaginée par des prêtres d’Egypte & d’Aſſyrie. Pythagore & Platon n’ont été que des Théologiens, remplis d’enthouſiaſme, et peut-être, de mauvaise foi. Au moins l’on trouve chez eux un eſprit myſtérieux ſacerdotal, qui ſera toujours un ſigne que l’on cherche à tromper, ou que l’on ne veut point éclairer les hommes. C’eſt dans la nature, & non dans la Théologie que l’on peut puiſer une Philoſophie intelligible & véritable.