Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/142

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la matiere & par elle ; la mobilité eſt une ſuite de ſon exiſtence ; non pas que le grand tout puiſſe occuper lui-même d’autres parties de l’eſpace que celles qu’il occupe actuellement, mais ſes parties peuvent changer & changent continuellement leurs ſituations reſpectives ; c’eſt de là que réſultent la conſervation & la vie de la nature, qui eſt toujours immuable dans ſon entier. Mais en ſuppoſant, comme on fait tous les jours, que la matiere ſoit morte, c’eſt-à-dire incapable de rien produire par elle même ſans le ſecours d’une force motrice qui lui imprime le mouvement, pourrons-nous jamais concevoir que la nature matérielle reçoive ſon mouvement d’une force qui n’a rien de matériel ? L’homme pourra-t-il ſe figurer qu’une ſubſtance qui n’a aucune des propriétés de la matiere, puiſſe la créer, la tirer de ſon propre fond, l’arranger, la pénétrer, diriger ſes mouvemens, la guider dans ſa marche ?

Le mouvement eſt donc coéternel à la matiere. De toute éternité les parties de l’univers ont agi les unes ſur les autres en raiſon de leurs énergies, de leurs eſſences propres, de leurs élémens primitifs & de leurs combinaiſons diverſes. Ces parties ont dû ſe combiner en raiſon de leurs analogies ou rapports, s’attirer & ſe repouſſer, agir & réagir, graviter les unes ſur les autres, ſe réunir & ſe diſſoudre, recevoir des formes & en changer par leurs colliſions continuelles. Dans un monde matériel le moteur doit être matériel ; dans un tout dont les parties ſont eſſentiellement en mouvement, il n’eſt pas beſoin d’un moteur diſtingué de lui-même ; par ſa propre énergie le tout doit être dans un mouvement perpétuel. Le mouvement général, comme on l’a prouvé ailleurs, naît