sur lesquelles Descartes appuie l’existence de Dieu. Il fait de ce dieu une pensée, une intelligence ; mais comment concevoir une intelligence, une pensée sans un sujet auquel ces qualités puissent adhérer ? Descartes prétend que l’on ne peut concevoir Dieu que comme une vertu qui s’applique successivement aux parties de l’univers … il dit encore que Dieu ne peut être dit étendu que comme on le dit du feu contenu dans un morceau de fer, qui n’a point à proprement parler d’autre extension que celle du fer lui-même … mais d’après ces notions on est en droit de lui reprocher qu’il annonce très clairement qu’il n’y a pas d’autre dieu que la nature, ce qui est un spinosisme pur. En effet on sçait que c’est dans les principes de Descartes que Spinosa a puisé son systême, qui en découle nécessairement.
C’est donc avec raison que l’on a accusé Descartes d’athéisme, vu qu’il détruit très fortement les foibles preuves qu’il donne de l’existence d’un dieu. On est donc fondé à lui dire que son systême renverse l’idée de la création. En effet avant que Dieu eut créé une matière il ne pouvoit coexister ni être coétendu avec elle ; & dans ce cas, selon Descartes, il n’y avoit point de dieu, vu qu’en ôtant aux modifications leur sujet, ces modifications doivent elles-mêmes disparoître. Si Dieu, selon les cartésiens, n’est autre chose que la nature, ils sont très spinosistes ; si Dieu est la force motrice de cette nature, ce dieu n’existe plus par lui-même, il n’existe qu’autant que subsiste le sujet auquel il est inhérent, c’est-à-dire la nature dont il est le moteur ; ainsi Dieu n’existe plus par lui-même, il n’existera qu’autant que la nature qu’il meut ; sans matière ou sans sujet à