Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/153

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fini ; il n’est point l’espace ou la durée, mais il dure et il est présent. »(adest)[1]

Dans toute cette tirade inintelligible nous ne voyons que des efforts incroyables pour concilier des attributs théologiques ou des qualités abstraites avec les attributs humains donnés au monarque divinisé ; nous y voyons des qualités négatives qui ne conviennent plus à l’homme, données pourtant au souverain de la nature que l’on suppose un roi. Quoiqu’il en soit, voilà toujours le dieu suprême qui a besoin de sujets pour établir sa souveraineté ; ainsi Dieu a besoin des hommes pour exercer son empire, sans cela il ne seroit point roi. Quand il n’y avoit rien, de quoi Dieu étoit-il seigneur ? Quoi qu’il en soit, ce seigneur, ce roi spirituel exerce-t-il vainement son empire spirituel sur des êtres qui souvent ne sont pas ce qu’il veut, qui luttent sans cesse contre lui, qui mettent le désordre dans ses états ? Ce monarque spirituel est-il le maître des esprits, des ames, des volontés, des passions de ses sujets qu’il a laissé libres de se révolter contre lui ? Ce monarque infini qui remplit tout de son immensité & qui gouverne tout, gouverne-t-il l’homme qui péche, dirige-t-il ses actions, est-il en lui lorsqu’il offense son dieu ? Le diable, le faux dieu, le mauvais principe n’a-t-il pas un empire plus étendu que le dieu véritable, dont sans cesse, suivant les dogmes de la théologie, il renverse les projets ? Le souverain véritable n’est-il pas celui dont le pouvoir dans un état influe sur le plus grand nombre des sujets ? Si Dieu est présent par-tout,

  1. Le mot adest dont Newton se sert dans le texte, parait-être placé pour éviter de dire que Dieu est renfermé dans l’espace.