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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/154

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n’est-il pas le triste témoin & le complice des outrages que l’on fait par-tout à sa majesté divine ? S’il remplit tout, n’a-t-il pas de l’étendue, ne répond-il pas aux divers points de l’espace, & dès-lors ne cesse-t-il pas d’être spirituel ?

" Dieu est un, continue-t-il, & il est le même pour toujours & par tout, non seulement par sa seule vertu ou son énergie, mais encore par sa substance. "

Mais comment un être qui agit, qui produit tous les changemens que subissent les êtres, peut-il être toujours le même ? Qu’entend-on par la vertu ou l’énergie de Dieu ? Ces mots vagues présentent-ils des idées nettes à notre esprit ? Qu’entend-on par la substance divine ? Si cette substance est spirituelle & privée d’étendue, comment peut-elle exister quelque part ? Comment peut-elle mettre la matière en action ? Comment peut-elle être conçue.

Cependant Newton nous dit que " toutes les choses sont contenues en lui & se meuvent en lui, mais sans action réciproque sed sine mutuâ passione, Dieu n’éprouve rien de la part des mouvemens des corps ; ceux-ci n’éprouvent aucune résistance de la part de sa présence par tout. "

Il paroît ici que Newton donne à la divinité des caractères qui ne conviennent qu’au vuide & au néant. Sans cela nous ne pouvons concevoir qu’il puisse n’y avoir point une action réciproque, ou des rapports entre des substances qui se pénètrent, qui s’environnent de toutes parts. Il paroît évident qu’ici l’auteur ne s’entend pas.