Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/157

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les substances qui frappent nos sens nous ne connoissons que les effets qu’elles produisent sur nous, d’après lesquels nous leur assignons des qualités, au moins ces qualités sont quelque chose & font naître des idées distinctes en nous. Les connoissances superficielles ou quelconques que nos sens nous fournissent sont les seules que nous puissions avoir ; constitués comme nous le sommes, nous nous trouvons forcés de nous en contenter, & nous voyons qu’elles suffisent à nos besoins : mais nous n’avons d’un dieu distingué de la matière ou de toute substance connue, pas même l’idée la plus superficielle, & cependant nous en raisonnons sans cesse !

" Nous ne connoissons Dieu que par ses attributs, par ses propriétés, & par l’arrangement excellent & sage qu’il a donné à toutes les choses, & par leurs causes finales, & nous l’admirons à cause de ses perfections. "

Nous ne connoissons Dieu, je le répéte, que par ceux de ses attributs que nous empruntons de nous-mêmes ; mais il est évident qu’ils ne peuvent convenir à l’être universel, qui ne peut avoir ni la même nature ni les mêmes propriétés que des êtres particuliers tels que nous. C’est d’après nous que nous assignons à Dieu l’intelligence, la sagesse & la perfection, en faisant abstraction de ce que nous nommons des défauts en nous-mêmes. Quant à l’ordre ou à l’arrangement de l’univers, dont nous faisons un dieu l’auteur, nous le trouvons excellent & sage lorsqu’il nous est favorable à nous-mêmes, ou lorsque les causes qui coexistent avec nous ne troublent point notre existence propre ; sans cela nous nous plai-