Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/156

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il abandonne une fois l’expérience & la raison pour se laisser entraîner par son imagination.

" Dieu, continue le père de la physique moderne, est totalement destitué de corps & de figure corporelle ; voilà pourquoi il ne peut être ni vu, ni touché, ni entendu & ne doit être adoré sous aucune forme corporelle. " mais quelles idées se former d’un être qui n’est rien de ce que nous connoissons ? Quels sont les rapports que l’on peut supposer entre nous & lui ? à quoi bon l’adorer ? En effet, si vous l’adorez, vous serez malgré vous obligé d’en faire un être semblable à l’homme, sensible comme lui à des hommages, à des présens, à des flatteries, en un mot vous en ferez un roi, qui comme ceux de la terre, exige les respects de ceux qui leur sont soumis. En effet il ajoute.

« Nous avons idée de ses attributs, mais nous ne connaissons point ce que c’est qu’aucune substance ; nous ne voyons que les figures et les couleurs des corps, nous n’entendons que des sons, nous ne touchons que des surfaces extérieures, nous ne sentons que des odeurs, nous ne goûtons que des saveurs ; aucun de nos sens, aucune de nos reflexions ne peuvent nous montrer la nature intime des substances ; nous avons encore bien moins d’idées de Dieu. »

Si nous avons idée des attributs de Dieu ce n’est que parce que nous lui donnons les nôtres, que nous ne faisons jamais qu’aggrandir ou exagérer au point de rendre méconnoissables des qualités que nous connoissions d’abord. Si dans toutes