Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/200

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dans les différens instans de sa vie ; son dieu subit toutes les variations de sa machine, toutes les révolutions de son tempérament, les vicissitudes continuelles qu’éprouve son être. L’idée de la divinité dont on regarde l’existence comme si démontrée ; cette idée que l’on prétend innée ou infuse à tous les hommes ; cette idée dont on assure que la nature entière s’empresse de nous fournir des preuves, est perpétuellement flottante dans l’esprit de chaque individu, & varie à chaque instant pour tous les êtres de l’espèce humaine ; il n’en est pas deux qui admettent précisément le même dieu, il n’y en a pas un seul qui dans des circonstances variées ne le voie diversement.

Ne soyons donc point surpris de la foiblesse des preuves qu’on nous donne de l’existence d’un être que les hommes ne verront jamais qu’au dedans d’eux-mêmes ; ne soyons point étonnés de les voir si peu d’accord sur les systêmes qu’ils se font rélativement à lui, sur les cultes qu’ils lui rendent : leurs disputes sur son compte, les inconséquences de leurs opinions, le peu de consistance & de liaison de leurs systêmes, les contradictions où ils tombent sans cesse dès qu’ils veulent en parler, les incertitudes où se trouvent leurs esprits toutes les fois qu’ils s’occupent de cet être si arbitraire ne doivent point nous sembler étrange ; il faut nécessairement disputer quand on raisonne d’un objet vu diversement dans des circonstances variées, & sur lequel il n’est pas un seul homme qui puisse être constamment d’accord avec lui-même.

Tous les hommes s’accordent sur les objets