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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/199

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CHAPITRE VII

Du théisme ou déisme, du systême de l’optimisme & des causes finales.


Très peu d’hommes ont le courage d’examiner le dieu que tous s’accordent à reconnoître ; il n’est presque personne qui ose douter de son existence qu’il n’a jamais constatée ; chacun reçoit sans examen dans l’enfance le nom vague du dieu que ses pères lui transmettent, qu’ils consignent dans son cerveau avec les idées obscures qu’ils y attachent eux-mêmes & que tout conspire à rendre habituelles en lui : cependant chacun le modifie à sa manière ; en effet, comme on l’a souvent fait observer, les notions peu fixes d’un être imaginaire ne peuvent être les mêmes pour tous les individus de l’espèce humaine ; chaque homme a sa façon de l’envisager ; chaque homme se fait un dieu en particulier d’après son propre tempérament, ses dispositions naturelles, son imagination plus ou moins exaltée, ses circonstances individuelles, les préjugés qu’il a reçus & les manières dont il est affecté dans des tems différens. L’homme content & sain ne voit pas son dieu des mêmes yeux que l’homme chagrin & malade ; l’homme d’un sang bouillant, d’une imagination embrasée ou sujet à la bile ne le voit pas sous les mêmes traits que celui qui jouit d’une ame plus paisible, qui a l’imagination plus froide, qui est d’un caractère plus flegmatique. Que dis-je ! Le même homme ne le voit pas de la même manière