Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/202

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mais d’accord, & dont l’image varie si souvent en eux-mêmes. Malgré tous les efforts, & les subtilités de ses plus ardens défenseurs, l’existence de Dieu n’est pas même probable, & quand elle le seroit, toutes les probabilités du monde peuvent-elles acquérir la force d’une démonstration ? N’est-il pas bien étonnant que l’existence de l’être le plus important à croire & à connoître n’ait pas même pour elle la probabilité, tandis que des vérités beaucoup moins importantes nous sont évidemment démontrées ? Ne pourroit-on pas en conclure que nul homme n’est pleinement assûré de l’existence d’un être qu’il voit si sujet à varier au-dedans de lui-même, & qui deux jours de suite ne se présente point sous les mêmes traits à son esprit ? Il n’y a que l’évidence qui puisse nous convaincre pleinement. Une vérité n’est évidente pour nous, que lorsqu’une expérience constante & des réflexions réitérées nous la montrent toujours sous un même point de vue. Du rapport constant que font les sens bien constitués, résulte l’évidence & la certitude, qui seules peuvent produire une pleine conviction. Que devient donc la certitude de l’existence de la divinité ? Ses qualités discordantes peuvent-elles exister dans le même sujet ? Et un être qui n’est qu’un amas de contradictions a-t-il la probabilité pour lui ? Ceux qui l’admettent, peuvent-ils être convaincus eux-mêmes ? Et dans ce cas ne devroient-ils pas permettre que l’on doutât des prétendues vérités qu’ils annoncent comme démontrés & comme évidentes, tandis qu’ils sentent eux-mêmes qu’elles vacillent dans leurs têtes ? L’existence de ce dieu & les attributs divins ne peuvent être des choses évidentes & démontrées pour nul homme sur la terre ; sa non-existence & l’impossibilité