Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/209

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c’est la tyrannie qui les soutient, afin de profiter de l’aveuglement des hommes.

On nous parle sans cesse des avantages qui résultent pour les hommes de la croyance d’un dieu. Nous examinerons bientôt si ces avantages sont aussi réels qu’on le dit ; en attendant il est question de sçavoir si l’opinion de l’existence d’un dieu est une erreur ou une vérité. Si c’est une erreur, elle ne peut être utile au genre-humain ; si c’est une vérité elle doit être susceptible de preuves assez claires pour être saisies par tous les hommes à qui l’on suppose cette vérité nécessaire & avantageuse. D’un autre côté l’utilité d’une opinion ne la rend pas plus certaine pour cela. Cela suffit pour répondre au docteur Clarcke qui demande s’il ne seroit pas à souhaiter qu’il existât un être bon, sage, intelligent & juste ; son existence ne seroit-elle pas desirable pour le genre-humain ? Nous lui dirons donc 1°. que l’auteur supposé d’une nature où nous sommes forcés de voir à chaque instant le désordre à côté de l’ordre, la méchanceté à côté de la bonté, la justice à côté de l’injustice, la folie à côté de la sagesse, ne peut pas plus être qualifié de bon, de sage, d’intelligent & de juste, que de méchant, d’insensé, de pervers, à moins qu’on ne supposât deux principes égaux en pouvoir dans la nature, dont l’un détruiroit sans cesse les ouvrages de l’autre. Nous dirons 2°. que le bien qui peut résulter pour nous d’une supposition ne la rend ni plus certaine, ni même plus probable. En effet où en serions-nous si de ce qu’une chose nous est utile, nous allions en conclure qu’elle existe réellement ! Nous dirons 3 que tout ce qui a été rapporté jusqu’ici prouve que l’être que l’on associe à la nature est