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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/218

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nécessaire, que rien ne se fait au hazard, que tous les événemens bons ou mauvais, soit pour nous, soit pour les êtres d’un ordre différent, sont amenés par des causes agissantes d’après des loix certaines & déterminées, & que rien ne peut nous autoriser à prêter aucunes de nos qualités humaines, ni à la nature, ni au moteur qu’on a voulu lui donner.

A l’égard de ceux qui prétendent que la sagesse suprême sçaura tirer les plus grands biens pour nous du sein même des maux qu’elle permet que nous éprouvions dans ce monde ; nous leur demanderons s’ils sont eux-mêmes les confidens de la divinité, ou surquoi ils fondent leurs espérances flatteuses ? Ils nous diront, sans doute, qu’ils jugent de la conduite de Dieu par analogie, & que des preuves de sa sagesse & de sa bonté actuelles, ils sont en droit de conclure en faveur de sa sagesse & de sa bonté futures. Nous leur répondrons qu’ils partent d’après des suppositions gratuites ; que la sagesse & la bonté de leur dieu se démentant si souvent en ce monde, rien ne peut les assûrer que sa conduite cesse jamais d’être la même à l’égard des hommes qui éprouvent ici bas tantôt ses bienfaits & tantôt ses disgraces. Si malgré sa bonté toute-puissante Dieu n’a ni pu ni voulu rendre ses créatures chéries complétement heureuses en ce monde, quelle raison a-t-on de croire qu’il le pourra ou le voudra dans un autre ?

Ainsi ce langage ne se fonde que sur des hypothèses ruineuses & qui n’ont pour base que l’imagination prévenue ; il signifie que des hommes, persuadés une fois sans motifs & sans cause de la