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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/219

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bonté de leur dieu, ne peuvent se figurer qu’il consente à rendre ses créatures constamment malheureuses. D’un autre côté, quel bien réel & connu voyons-nous résulter pour le genre-humain de ces stérilités, de ces famines, de ces contagions, de ces combats qui font périr tant de millions d’hommes & qui sans cesse dépeuplent & désolent le monde où nous sommes ? Est-il quelqu’un capable de deviner les avantages résultans de tous les maux qui nous assiégent de toutes parts ? Ne voyons-nous pas tous les jours des êtres voués à l’infortune, depuis le sein de leur mère jusqu’au tombeau, trouver à peine le tems de respirer & vivre les jouets constans de l’affliction, de la douleur & des revers ? Comment ou quand ce dieu si bon tirera-t-il du bien des maux qu’il leur fait souffrir ?

Tous les optimistes les plus enthousiastes, les théistes ou déistes eux-mêmes, les partisans de la religion naturelle (qui n’est rien moins que naturelle, ou fondée sur la raison) sont, ainsi que les superstitieux les plus crédules ; forcés de recourir au systême d’une autre vie pour disculper la divinité des maux qu’elle fait souffrir en celle-ci à ceux-mêmes que l’on suppose les plus agréables à ses yeux. Ainsi, en partant de l’idée que Dieu est bon & rempli d’équité, l’on ne peut se dispenser d’admettre une longue suite d’hypothèses qui n’ont, ainsi que l’existence de ce dieu, que l’imagination pour base, & dont nous avons déjà fait voir la futilité. Il faut recourir au dogme si peu probable de la vie future & de l’immortalité de l’ame pour justifier la divinité ; on est obligé de dire que faute d’avoir pu ou voulu rendre l’homme heureux dans ce monde, elle lui pro-