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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/230

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quité : il faudra de suppositions en suppositions remonter jusqu’au péché d’Adam ou jusqu’à la chûte des anges rébelles, ou jusqu’au crime de Prométhée & la boëte de Pandore, pour trouver comment le mal est entré dans un monde soumis à une intelligence bienfaisante. Il faudra supposer la liberté de l’homme ; il faudra reconnoître que la créature peut offenser son dieu, provoquer sa colère, émouvoir ses passions & le calmer ensuite par des pratiques & des expiations superstitieuses. Si l’on suppose la nature soumise à un agent caché, doué de qualités occultes, agissant d’une façon mystérieuse, pourquoi ne supposeroit-on pas que des cérémonies, des mouvemens du corps, des paroles, des rites, des temples, des statues peuvent également contenir des vertus secrettes propres à se concilier l’être mystérieux que l’on adore ? Pourquoi n’ajouteroit-on pas foi aux forces cachées de la magie, de la théurgie, des enchantemens, des amulettes, des talismans ? Pourquoi ne pas croire aux inspirations, aux songes, aux visions, aux présages, aux augures ? Que sçait-on si la force motrice de l’univers, pour se manifester aux hommes, n’a pas pu employer des voyes impénétrables & n’a pas eu recours à des métamorphoses, des incarnations, des transubstantiations ? Toutes ces rêveries ne découlent-elles pas des notions absurdes que les hommes se sont faites de la divinité ? Toutes ces choses & les vertus qu’on y attache sont-elles plus incroyables & moins possibles que les idées du théisme, qui supposent qu’un dieu inconcevable, invisible, immatériel a pu créer & peut mouvoir la matière ; qu’un dieu privé d’organes peut avoir de l’intelligence, & penser comme les hommes, & avoir des qualités