Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/248

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voyons lutter contre l’autorité souveraine, qu’ils prétendent soumettre à la leur. Nous les voyons armer les chefs des nations contre leurs princes légitimes. Nous les voyons distribuer aux peuples crédules des couteaux pour se massacrer réciproquement dans les futiles disputes que la vanité sacerdotale fait passer pour importantes.

Ces hommes si persuadés de l’existence d’un dieu, & qui menacent les peuples de ses vengeances éternelles, se servent-ils de ces notions merveilleuses pour modérer leur orgueil, leur cupidité, leur humeur vindicative & turbulente ? Dans les pays où leur empire est le plus solidement établi & où ils jouissent de l’impunité, sont-ils donc ennemis de la débauche, de l’intempérance & des excès qu’un dieu sévère interdit à ses adorateurs ? Au contraire ne les voyons-nous pas alors enhardis au crime, intrépides dans l’iniquité, donner une libre carrière à leurs déréglemens, à leur vengeance, à leur haine, à leur cruauté soupçonneuse ? En un mot on peut avancer sans crainte que ceux qui par toute la terre annoncent un dieu terrible & nous font trembler sous son joug ; que les hommes qui le méditent sans cesse, qui prouvent son existence aux autres, qui l’ornent de ses pompeux attributs, qui se déclarent ses interprêtes, qui font dépendre de lui tous les devoirs de la morale, sont ceux que ce dieu contribue le moins à rendre vertueux, humains, indulgens & sociables. à considérer leur conduite on seroit tenté de croire qu’ils sont parfaitement détrompés de l’idole qu’ils servent, & que personne n’est moins dupes qu’eux des menaces qu’ils font en son nom. Entre les mains des prêtres de tout pays la divinité ressemble à la tête de