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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/249

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Méduse, qui, sans nuire à celui qui la montroit, pétrifioit tous les autres. Les prêtres sont communément les plus fourbes des hommes, les meilleurs d’entre eux sont méchans de bonne foi.

L’idée d’un dieu vengeur & rémunérateur en impose-t-elle bien plus à ces princes, à ces dieux de la terre, qui fondent leur pouvoir & les titres de leur grandeur sur la divinité même ; qui se servent de son nom terrible pour intimider, tenir en respect les peuples que si souvent leurs caprices rendent malheureux ? Hélas ! Les idées théologiques & surnaturelles adoptées par l’orgueil des souverains n’ont fait que corrompre la politique & la changer en tyrannie. Les ministres du très-haut, toujours tyrans eux-mêmes ou sauteurs des tyrans, ne crient-ils-pas sans cesse aux monarques qu’ils sont les images du très-haut ? Ne disent-ils pas aux peuples crédules que le ciel veut qu’ils gémissent sous les injustices les plus cruelles & les plus multipliées ; que souffrir est leur partage ; que leurs princes, comme l’être suprême, ont le droit indubitable de disposer des biens, de la personne, de la liberté, de la vie de leurs sujets ? Ces chefs des nations, ainsi empoisonnés au nom de la divinité, ne s’imaginent-ils pas que tout leur est permis ? émules, réprésentans & rivaux de la puissance céleste n’exercent-ils pas à son exemple le despotisme le plus arbitraire ? Ne pensent-ils point, dans l’ivresse où les plonge la flatterie sacerdotale, que, comme Dieu, ils ne sont point comptables de leurs actions aux hommes, ils ne doivent rien au reste des mortels, qu’ils ne tiennent par aucuns liens à leurs malheureux sujets ?