Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/261

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qu’il valoit mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ; en conséquence il crut qu’il falloit se révolter contre le prince, se détacher de sa femme, détester son enfant, s’éloigner de son ami, égorger ses concitoyens, toutes les fois qu’il s’agissoit des intérêts du ciel. En un mot l’éducation religieuse, quand elle eut son effet, ne servit qu’à corrompre les jeunes cœurs, à fasciner les jeunes esprits, à dégrader les jeunes ames, à faire méconnoître à l’homme ce qu’il se doit à lui-même, à la société, & aux êtres qui l’entourent.

Quels avantages les nations n’eussent-elles pas retiré, si elles eussent employé à des objets utiles les richesses que l’ignorance a si honteusement prodiguées aux ministres de l’imposture ! Quel chemin le génie n’eut-il pas fait, s’il eut jouït des récompenses accordées depuis tant de siècles à ceux qui se sont de tout tems opposés à son essor ! Combien les sciences utiles, les arts, la morale, la politique, la vérité ne se seroient-elles pas perfectionnées si elles eussent eu les mêmes secours que le mensonge, le délire, l’enthousiasme & l’inutilité !

Il est donc évident que les notions théologiques furent & seront perpétuellement contraires & à la saine politique & à la saine morale ; elles changent les souverains en divinités malfaisantes, inquiétes & jalouses ; elles font des sujets des esclaves envieux & méchans, qui à l’aide de quelques pratiques futiles ou de leur acquiescement extérieur à quelques opinions inintelligibles, s’imaginent compenser amplement le mal qu’ils se font les uns aux autres. Ceux qui n’ont jamais osé examiner l’existence d’un dieu qui punit & ré-