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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/262

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compense ; ceux qui se persuadent que leurs devoirs sont fondés sur ses volontés divines ; ceux qui prétendent que ce dieu veut que les hommes vivent en paix, se chérissent, se prêtent des secours mutuels, s’abstiennent du mal & se fassent du bien, perdent bientôt de vue ces spéculations stériles dès que des intérêts présens, des passions, des habitudes, des fantaisies importunes les entraînent. Où trouver l’équité, l’union, la paix & la concorde que ces notions sublimes, étayées de la superstition & de l’autorité divine, promettent aux sociétés à qui l’on ne cesse de les mettre sous les yeux ? Sous l’influence de cours corrompues & de prêtres imposteurs ou fanatiques qui ne sont jamais d’accord, je ne vois que des hommes vicieux, avilis par l’ignorance, enchaînés par des habitudes criminelles, emportés par des intérêts passagers ou par des plaisirs honteux, qui ne pensent point à leur dieu. En dépit de ses idées théologiques le courtisan continue à tramer ses noirs complots ; il travaille à contenter son ambition, son avidité, sa haine, sa vengeance & toutes les passions inhérentes à la perversité de son être : malgré cet enfer, dont l’idée seule l’a fait trembler, cette femme corrompue persiste dans ses intrigues, ses fourberies, ses adultères. La plûpart de ces hommes dissipés, dissolus & sans mœurs, qui remplissent les villes & les cours, reculeroient d’horreur, si on leur montroit le moindre doute sur l’existence du dieu qu’ils outragent. Quel bien résulte-t-il dans la pratique de cette opinion si universelle & si stérile qui n’influe jamais sur la conduite que pour servir de prétexte aux passions les plus dangereuses ? Au sortir de ce temple où l’on vient de sacrifier, de débiter les oracles divins, d’épouvan-