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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/271

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Cela posé les prêtres, c’est-à-dire, des hommes très suspects & peu d’accord entre eux seront les arbitres de la morale, ils décideront selon leurs lumières incertaines ou leurs passions des règles que l’on doit suivre ; l’enthousiasme ou l’intérêt seront les seules mesures de leurs décisions ; leur morale variera ainsi que leurs vertiges & leurs caprices ; ceux qui les écouteront ne sçauront jamais à quoi s’en tenir : dans leurs livres inspirés on trouvera toujours une divinité peu morale, qui tantôt commandera le crime & l’absurdité ; qui tantôt sera l’amie & tantôt l’ennemie de la race humaine ; qui tantôt sera bienfaisante, raisonnable & juste ; & qui tantôt sera insensée, capricieuse, injuste & despotique. Que résultera-t-il de tout cela pour un homme sensé ? C’est que ni des dieux inconstans, ni leurs prêtres dont les intérêts varient à chaque instant, ne peuvent être les modèles ou les arbitres d’une morale, qui doit être aussi constante & aussi sûre que les loix invariables de la nature auxquelles nous ne la voyons jamais déroger.

Non ; ce ne sont point des opinions arbitraires & inconséquentes, des notions contradictoires, des spéculations abstraites & inintelligibles qui peuvent servir de base à la science des mœurs. Ce sont des principes évidens, déduits de la nature de l’homme, fondés sur ses besoins, inspirés par l’éducation, rendus familiers par l’habitude, rendus sacrés par les loix, qui convaincront nos esprits, qui nous rendront la vertu utile & chère, qui peupleront les nations de gens de bien & de bons citoyens. Un Dieu, nécessairement incompréhensible, ne présente qu’une idée vague à notre imagination ; un dieu terrible l’égare ; un