Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/292

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soucis, des allarmes, des soupçons cruels. Tu deviendras la victime de ta propre folie. Tes peuples au désespoir ne connoîtront plus tes droits divins. Envain alors réclamerois-tu les secours de la religion qui t’avoit déifié ; elle ne peut rien sur des peuples que le malheur a rendu sourds, le ciel t’abandonnera à la fureur des ennemis que ta frénésie t’aura fait. Les dieux ne peuvent rien contre mes décrets irrévocables, qui veulent que l’homme s’irrite contre la cause de ses maux. "

En un mot, tout fera connoître aux princes raisonnables, qu’ils n’ont pas besoin du ciel pour être fidélement obéis sur la terre ; que toutes les forces de l’Olympe ne les soutiendront point, quand ils seront des tyrans ; que leurs véritables amis sont ceux qui détrompent les peuples de leurs prestiges ; que leurs vrais ennemis sont ceux qui les enivrent de flatteries, qui les endurcissent dans le crime, qui leur applanissent les routes du ciel, qui les repaîssent de chimeres, propres à les détourner des soins & des sentimens qu’ils doivent aux nations[1].

Ce n’est donc, je le répéte, qu’en ramenant les hommes à la nature, que l’on peut leur procurer des notions évidentes & des connoissances sûres, qui en leur montrant leurs vrais rapports, les mettront dans la voie du bonheur. L’esprit humain aveuglé par sa théologie, n’a fait presqu’aucun pas en avant. Ses systêmes religieux l’ont rendu incertain, sur les vérités les plus démontrées en

  1. Ad generem Cereris, sine cœde etvulnere pauci. Descendant reges, et sicca morte Tyranni. JUVENAL, SAT. XV, 110.