Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/295

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nature des choses, & de chercher en elle-même ou dans l’industrie humaine, des secours contre les maux dont les mortels sont affligés, que d’attribuer ses maux à une puissance inconnue, contre la volonté de laquelle l’on ne peut pas supposer qu’il y ait aucun secours ? L’étude de la nature, la recherche de la vérité élévent l’ame, étendent le génie, sont propres à rendre l’homme actif & courageux ; les notions théologiques ne semblent faites que pour l’avilir, retrécir son esprit, le plonger dans le découragement[1]. Au lieu d’attribuer à la vengeance divine les guerres, les famines, les stérilités, les contagions & tant de maux qui désolent les peuples, n’eut-il pas été plus utile & plus vrai, de leur montrer que ces maux étaient dûs à leurs propres folies, ou plutôt aux passions, à l’inertie, à la tyrannie de leurs princes, qui sacrifient les nations à leurs affreux délires ? Ces peuples insensés, au lieu de s’amuser à expier leurs prétendus forfaits, & de chercher à se rendre favorables des puissances imaginaires, n’eussent-ils pas dû chercher dans une administration plus raisonnable, les vrais moyens d’écarter les fléaux dont ils étoient les victimes ? Des maux naturels demandent des remèdes naturels : l’expérience ne devoit-elle pas depuis longtems avoir détrompé les mortels des remèdes surnaturels ; des expiations, des prières, des sacrifices, des jeûnes, des processions etc, que tous les peuples de la terre ont vainement opposés aux disgraces qu’ils éprouvoient ?

Concluons donc que la théologie & ses no-

  1. Non enim aliunde venit animo robur, quam à bonis artibus, quam à contemplatione natura. Sec. Quast. Natur. Lib. VI, Ccp. 32.