Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/299

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exige de ses créatures qu’elles le connoissent, qu’elles soient convaincues de son existence, de sa sagesse, de son pouvoir, & qui veut qu’elles lui rendent des hommages, il faudra convenir que nul homme sur la terre ne remplit à cet égard les vues de la providence. En effet rien de plus démontré que l’impossibilité dans laquelle se trouvent les théologiens eux-mêmes, de se faire des idées quelconques de leur divinité[1]. La foiblesse & l’obscurité des preuves qu’ils donnent de son existence, les contradictions où ils tombent, les sophismes & les pétitions de principes qu’ils emploient, nous prouvent évidemment qu’ils sont au moins très-souvent dans les plus grandes incertitudes sur la nature de l’être, dont il est de leur profession de s’occuper. Mais en accordant qu’ils le connoissent, que son existence, son essence & ses attributs leur sont pleinement démontrés, au point qu’il ne subsiste aucun doute dans leur esprit ; le reste des humains jouit-il du même avantage ? En bonne foi, combien se trouve-t-il dans le monde de personnes qui aient le loisir, la capacité, la pénétration nécessaires, pour entendre ce qu’on veut leur désigner sous le nom d’un être immatériel, d’un pur esprit qui meut la matière sans être lui-même matière, qui est le moteur de la nature sans être renfermé dans la nature, & sans pouvoir la toucher ? Est-il dans les sociétés les plus religieuses bien des personnes en état de suivre leurs guides spirituels dans les preu-

  1. Procope, premier Evêque des Goths, dit très-formellement : j’estime que c’est une témérité bien jolie que de vouloir pénétrer dans la connaissance de la nature de Dieu. Et plus loin il reconnaît qu’il n ’a pas autre chose à en dire sinon qu’il est parfaitement bon. Celui qui en sait davantage, soit Ecclésiastique, soit Laïque, n’a qu’à le dire.