Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/305

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non équivoque, bien plus capable de nous convaincre, que ces révélations particulières qui semblent accuser la divinité d’une partialité fâcheuse pour quelques-unes de ses créatures ? Le tout-puissant n’aurait-il donc pas des moyens plus convainquans de se montrer aux hommes, que ces métamorphoses ridicules, ces incarnations prétendues, qui nous sont attestées par des écrivains si peu d’accord entr’eux dans les récis qu’ils en font ? Au lieu de tant de miracles, inventés pour prouver la mission divine de tant de législateurs, révérés par les différens peuples du monde, le souverain des esprits ne pouvoit-il pas convaincre tout d’un coup l’esprit humain des choses qu’il a voulu lui faire connoître ? Au lieu de suspendre un soleil dans la voûte du firmament ; au lieu de répandre sans ordre les étoiles & les constellations qui remplissent l’espace, n’eût-il pas été plus conforme aux vues d’un dieu, si jaloux de sa gloire & si bien intentionné pour l’homme, d’écrire d’une façon non sujette à dispute, son nom, ses attributs, ses volontés permanentes, en caractères ineffaçables, & lisibles également pour tous les habitans de la terre[1] ? Personne alors n’auroit pu douter de l’existence d’un dieu, de ses volontés claires, de ses intentions visibles. Sous les yeux de ce dieu si sensible, personne n’auroit eu l’audace de violer ses ordonnances ; nul mortel n’eût osé se mettre dans le cas d’attirer sa colère ; enfin nul homme n’eût eu le front d’en imposer

  1. Je prévois que les théologiens opposeront à ce passage leur Cœli enarrant glortam Dei. Mais on leur répondra que les çieux ne prouvent rien, sinon la puissance de la nature, la fixité de ses lois, la force de l’attraction, de la répulsion, de la gravitation, l’énergie de la matière j et que les cieux n’annoncent nullement l’existence d’une cause immatérielle, d’un agent impossible, d’un Dieu qui se contredit et qui jamais ne peut faire ce qu’il veut.