Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/304

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gueil, il irrite notre curiosité, il nous paroît intéressant. D’un autre côté, plus nos recherches ont été longues & laborieuses, plus nous attachons d’importance à nos découvertes réelles ou prétendues, plus nous ne voulons point avoir perdu le tems, & nous sommes toujours prêts à défendre avec chaleur la bonté de notre jugement. Ne soyons donc point surpris de l’intérêt que les peuples ignorans ont toujours pris aux démêlés de leurs prêtres ; ni de l’opiniâtreté que ceux-ci ont toujours montré dans leurs disputes. En combattant pour son dieu, chacun ne combattit en effet que pour les intérêts de sa propre vanité, qui de toutes les passions humaines, est la plus prompte à s’allarmer, & la plus propre à produire de très grandes folies.

Si écartant pour un moment les idées fâcheuses que la théologie nous donne d’un dieu capricieux, dont les décrêts partiaux & despotiques décident du sort des humains, nous ne voulons fixer nos yeux que sur la bonté prétendue, que tous les hommes, même en tremblant devant ce dieu, s’accordent à lui donner : si nous lui supposons le projet qu’on lui prête, de n’avoir travaillé que pour sa propre gloire, d’exiger les hommages des êtres intelligens ; de ne chercher dans ses œuvres que le bien-être du genre-humain ; comment concilier ses vues & ses dispositions avec l’ignorance vraiement invincible, dans laquelle ce dieu, si glorieux & si bon, laisse la plûpart des hommes sur son compte ? Si Dieu veut être connu, chéri, remercié, que ne se montre-t-il sous des traits favorables à tous ces êtres intelligens dont il veut être aimé & adoré ? Pourquoi ne point se manifester à toute la terre d’une façon