Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/313

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ne peut déplaire à celui qui l’a fait ce qu’il est ; ses passions, ses désirs, ses penchans sont les suites nécessaires de l’organisation qu’il a reçue ; les motifs qui déterminent sa volonté vers le bien ou vers le mal, sont dus évidemment aux qualités inhérentes, aux êtres que Dieu place autour de lui. Si c’est un être intelligent qui nous a placés dans les circonstances où nous sommes, qui a donné les propriétés aux causes qui en agissant sur nous, modifient notre volonté, comment pouvons-nous l’offenser ? Si j’ai l’ame tendre, sensible, compatissante, c’est que j’ai reçu de Dieu des organes faciles à émouvoir, d’où résulte une imagination vive, que l’éducation a cultivée. Si je suis insensible & dur, c’est que la nature ne m’a donné que des organes rebelles, d’où résulte une imagination peu sensible & un cœur difficile à toucher. Si je professe une religion ; c’est que je l’ai reçue de parens desquels il ne dépendoit point de moi de ne pas naître, qui la professoient avant moi, dont l’autorité, les exemples & les instructions ont obligé mon esprit à se conformer au leur. Si je suis incrédule, c’est que peu susceptible de crainte ou d’entousiasme pour des choses inconnues, mes circonstances ont voulu que je me détrompasse des chimeres de mon enfance.

C’est donc faute de réfléchir à ses principes, que le théologien nous dit que l’homme peut plaire ou déplaire au dieu puissant qui l’a formé. Ceux qui croyent mériter ou démériter de leur dieu, s’imaginent que cet être leur saura gré de l’organisation qu’il leur a lui-même donnée, & les punira de celle qu’il leur a refusée. En consequence de cette idée si extravagante, le dévot affec-