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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/312

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de mes illusions ; si tu te mettois en colère, parce que ma foiblesse est tombée dans les embûches que tu m’avois dressées de toutes parts ; tu serois le plus cruel & le plus injuste des tyrans, tu ne serois pas un dieu, mais un démon malfaisant, dont je serois forcé de subir la loi & d’assouvir la barbarie ; mais dont je m’applaudirois d’avoir, du moins pour quelque tems, secoué le joug insupportable. "

C’est ainsi que pourroit parler un disciple de la nature, qui transporté tout d’un coup dans les régions imaginaires, y trouveroit un dieu dont toutes les notions seroient directement contraires à celles que la sagesse, la bonté, la justice nous fournissent ici bas. En effet, la théologie ne semble inventée que pour renverser dans notre esprit toutes les idées naturelles. Cette science illusoire semble avoir pris à tâche de faire de son dieu l’être le plus contradictoire à la raison humaine. C’est néanmoins d’après cette raison que nous sommes forcés de juger en ce monde ; si dans l’autre rien n’est conforme à celui-ci, rien n’est plus inutile que d’y songer ou d’en raisonner. D’ailleurs, comment nous en rapporter à des hommes, qui ne sont eux-mêmes à portée de juger que comme nous ?

Quoi qu’il en soit, en supposant Dieu l’auteur de tout, rien n’est plus ridicule que l’idée de lui plaire ou de l’irriter par nos actions, nos pensées, nos paroles ; rien de plus inconséquent que d’imaginer que l’homme, son ouvrage, puisse mériter ou démériter à son égard. Il est évident qu’il ne peut nuire à un être tout-puissant, souverainement heureux par son essence. Il est évident qu’il