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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/315

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te, ni sur la blancheur de la neige, ni sur la lumière du jour, ni sur l’utilité de la vertu. Il n’en est pas de même des objets qui dépendent uniquement de notre imagination, & qui ne nous sont point prouvés par le témoignage constant de nos sens ; nous en jugeons diversement, suivant les dispositions, dans lesquelles nous nous trouvons. Ces dispositions varient en raison des expressions involontaires, que nos organes reçoivent à chaque moment de la part d’une infinité de causes, soit extérieures à nous, soit renfermées dans notre propre machine. Ces organes sont à notre insçu perpétuellement modifiés, relâchés ou tendus par plus ou moins de pesanteur ou d’élasticité dans l’air, par le froid ou le chaud, la sécheresse ou l’humidité, la santé ou la maladie, la chaleur du sang, l’abondance de la bile, l’état du systême nerveux etc. Ces différentes causes influent nécessairement sur les idées, les pensées, les opinions momentanées de l’homme. Il est par conséquent obligé de voir diversement les objets, que son imagination lui présente, sans pouvoir être redressée par l’expérience & la mémoire. Voilà pourquoi l’homme est forcé de voir sans cesse son dieu & ses chimeres religieuses, sous des aspects différens. Dans un moment où ses fibres se trouveront disposées à frémir, il sera lâche & pusillanime, il ne pensera à ce dieu qu’en tremblant ; dans un instant où ces mêmes fibres seront plus affermies, il contemplera ce même dieu avec plus de sang froid. Le théologien ou le prêtre nommera sa pusillanimité, sentiment intérieur, avertissement d’enhaut, inspiration secrete ; mais celui qui connoît l’homme, dira que ce n’est autre chose qu’un mouvement machinal, produit par une cause physique ou naturelle. En effet, c’est par un pur