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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/316

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méchanisme physique, que l’on peut expliquer toutes les révolutions qui se font, souvent d’un moment à l’autre, dans les systêmes, dans toutes les opinions, dans tous les jugemens des hommes : en conséquence on les voit tantôt raisonner juste & tantôt déraisonner.

Voilà comment, sans recourir à des graces, à des inspirations, des visions, des mouvemens surnaturels, nous pouvons nous rendre compte de ces états incertains & flottans, où nous voyons quelquefois tomber des personnes, très-éclairées d’ailleurs, quand il est question de la religion. Souvent, en dépit de tout raisonnement, des dispositions momentanées les ramenent aux préjugés de l’enfance, dont dans d’autres occasions elles nous paroissent complétement détrompées. Ces changemens sont sur-tout très-marqués dans les infirmités & les maladies, & aux approches de la mort. Le baromètre de l’entendement est alors souvent obligé de baisser. Des chimeres que l’on méprisoit, ou que l’on mettoit à leur juste valeur dans l’état de santé, se réalisent pour lors. On tremble, parce que la machine est affoiblie ; on déraisonne, parce que le cerveau est incapable de remplir exactement ses fonctions. Il est évident que c’est-là la vraie cause de ces changemens, dont des prêtres ont la mauvaise foi de se prévaloir contre l’incrédulité, & dont ils tirent des preuves de la réalité de leurs opinions sublimes. Les conversions, ou les changemens qui se font dans les idées des hommes, tiennent toujours à quelque dérangement physique dans leur machine, causé par le chagrin ou par quelque cause naturelle & connue.

Soumis à l’influence continuelle des causes