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Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/327

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religion les a si souvent entrainés ; que les hommes se fassent des chimeres ; qu’ils en pensent comme ils voudront, pourvu que leurs rêveries ne leur fassent point oublier qu’ils sont hommes, & qu’un être sociable n’est point fait pour ressembler aux animaux féroces. Balançons les intérêts fictifs du ciel par les intérêts sensibles de la terre. Que les souverains & les peuples reconnoissent enfin que les avantages résultans de la vérité, de la justice, de bonnes loix, d’une éducation sensée, d’une morale humaine & paisible sont bien plus solides que ceux qu’ils attendent si vainement de leurs divinités : qu’ils sentent que des biens si réels & si chers ne doivent point être sacrifiés à des espérances incertaines, si souvent démenties par l’expérience. Pour s’en convaincre que tout homme raisonnable considère les forfaits sans nombre que le nom de Dieu a causés sur la terre ; qu’il étudie son affreuse histoire & celle de ses odieux ministres, qui par tout ont souflé l’esprit de vertige, de discorde & de fureur. Que les princes & les sujets apprennent au moins à résister quelquefois aux passions de ces prétendus interprêtes de la divinité, surtout lorsqu’ils leur ordonneront de sa part d’être inhumains, intolérans, barbares, d’étouffer le cri de la nature, la voix de l’équité, les remontrances de la raison & de fermer les yeux sur les intérêts de la société.

Foibles mortels ! Jusques à quand votre imagination si active & si prompte à saisir le merveilleux, ira-t-elle chercher hors de l’univers des prétextes pour vous nuire à vous-mêmes & aux êtres avec qui vous vivez ici bas ! Que ne suivez-vous en paix la route simple & facile que vous trace votre nature ! Pourquoi semer d’épines le