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CHAPITRE XI

Apologie des sentimens contenus dans cet ouvrage. De l’impiété. Existe-t-il des athées ?


Tout ce qui vient d’être dit dans le cours de cet ouvrage devroit suffire pour détromper les hommes capables de raisonner, des préjugés auxquels ils attachent tant d’importance. Mais les vérités les plus claires sont forcées d’échouer contre l’enthousiasme, l’habitude & la crainte ; rien de plus difficile que de détruire l’erreur quand une longue prescription l’a mise en possession de l’esprit humain. Elle est inattaquable quand elle est appuyée du consentement général, propagée par l’éducation, invétérée par la coutume, fortifiée par l’exemple, maintenue par l’autorité, & sans cesse alimentée par les espérances & les craintes des peuples, qui regardent leurs erreurs mêmes comme le remède de leurs maux. Telles sont les forces réunies qui soutiennent l’empire des dieux en ce monde, & qui paroissent devoir y rendre leur trône inébranlable.

Ne soyons donc point surpris de voir le plus grand nombre des hommes chérir son aveuglement & craindre la vérité. Nous trouvons par tout les mortels obstinément attachés à des phantômes dont ils attendent leur bien-être, tandis que ces phantômes sont évidemment les sources de tous leurs maux. épris du merveilleux, dédaignant